« Comment fais-tu pour être toujours motivé ? », me demande une amie qui m’imagine, compte tenu de ma productivité, toujours gonflé à bloc. Mais je n’échappe pas à l’humaine condition. Comme tout le monde, je connais le blues du dimanche soir et l’envie de tout envoyer balader. Comme tout le monde, je repousse aussi au lendemain les tâches ingrates. Et quand l’heure est venue, qu’il n’est plus possible d’allonger les délais, c’est encore pire : j’ai le ventre noué en pensant aux urgences et tâches rébarbatives qui m’attendent. Comment faire face à ces moments pénibles – car il faut bien que le travail se fasse ? Pour ma part, j’ai simplement j’ai recours à quelques règles.
Règle n° 1.
Découper la montagne en morceaux. C’est un vieux truc de coureur de fond ou de marcheur au long court. Dans les moments difficiles, il faut éviter de penser au trajet à accomplir (cela démoralise et coupe les jambes), mais plutôt se concentrer sur de petits objectifs : le prochain virage ou l’arbre à portée de vue. Transposé au travail, cela consiste à découper les tâches rébarbatives ou monumentales en petites séquences faciles à affronter. Le marathonien ne court pas 42 km : vers la fin, il ne court que des séries de 100 m puis de 50 m. Ne pense pas à la montagne de courriels mais réponds à trois messages (c’est tout !) dans le quart d’heure qui vient.
Règle n° 2.
Il n’y a que le premier pas qui coûte. Quand la motivation est en panne, ne pense pas à la tâche à accomplir, contente-toi d’enclencher les gestes ! Assieds-toi, ouvre ton sac, sors ton ordinateur, etc. L’expérience le prouve : l’action concrète chasse les mauvaises idées. Le vieux dicton, « il n’y a que le premier pas qui coûte », touche juste : une fois la dynamique de l’action enclenchée, le reste vient plus simplement. Par exemple, je suis en train d’écrire cet éditorial, alors qu’il y a un quart d’heure, j’étais tenté de repousser l’échéance (pour aller boire un énième café ou feuilleter un magazine).
Règle n° 3.
Transformer le pensum en défi. Parfois, la démotivation tourne à la répulsion. Aujourd’hui, je dois voir M. pour un entretien annuel d’évaluation (quel ennui !) ; il faudrait que je rédige cette demande de subvention (pfff !). Le secret de la motivation, dit-on, ce sont « le sens » et le plaisir que l’on donne aux choses. Mais comment trouver du sens dans le fait de refaire mes papiers d’identité, perdus la semaine passée, autre pensum sur ma to do list ? Une de mes stratégies personnelles consiste à me représenter ces contraintes comme des défis. Ce dossier me lève le cœur ? Ce coup de fil à passer me tourmente ? Ce rendez-vous m’ennuie ? Je vais les transformer en épreuve sportive. Autrement dit, en jeu. Je prends le contre-pied des théories mainstream sur la motivation « intrinsèque » (liée au plaisir que je ressens à mener une activité) ou sur le besoin de « sens » (qui serait le socle de la motivation). Et si j’essayais l’inverse ? Je vais me jeter à l’eau, comme certains plongent justement dans l’eau glacée, par pur goût de l’épreuve. N’ayant aucune motivation propre, je m’en remets à une gratification symbolique. J’en appelle alors au goût de la compétition et à l’orgueil – d’inavouables raisons pour se donner un coup de fouet, mais souvent efficaces… Une fois la tâche accomplie, apparaît une petite gratification morale : « Tu l’as fait ! » En dernier ressort, quand on manque justement de ressort, faire appel à cette ressource humaine fondamentale qu’est l’imagination reste une façon, parmi bien d’autres, pour régénérer sa motivation et se réinventer.
NB cet article n’est pas de moi, je l’ai retrouvé caché dans un repli de mon ordinateur. Si quelqu’un peut m’en donner les références c’est évidemment avec plaisir que j’en ferai immédiatement mention. Je l’ai trouvé simple et plein de bon sens.
* proverbe africain